Ressources - Le Carnaval de Venise
Présentation
Un parfait divertissement à la française avec pour toile de fond le mythique et légendaire Carnaval de Venise.
Sur la place Saint-Marc, entre les canaux et sous les balcons, il est question d’amours contrariés : Léonore aime Léandre qui préfère Isabelle et Rodolphe est lui aussi amoureux d’Isabelle. La vengeance qui s’invite sousmasquesstimule le génie et l’univers délirant des fantasques chorégraphes, metteurs en scène et plasticiens Clédat et Petitpierre.
Le Carnaval de Venise de Campra créé en 1699 est emblématique de la musique baroque française, et plus encore de l’opéra-ballet si propre à la Cour. Il s’agit néanmoins d’une œuvre unique par la mise en abîme de la forme opératique qu’elle provoque, faisant surgir le théâtre dans le théâtre, mêlant le chant italien au français, combinant avec finesse les registres merveilleux, dramatiques et comiques.
Le Carnaval de Venise de Campra tente, par le divertissement, de répondre à une question provocatrice : comment rendre l’opéra moins ennuyeux ?
La cheffe d'orchestre Camille Delaforge dirige ce spectacle de la co[opéra]tive, première production de ce chef-d'œuvre 50 ans après sa redécouverte au Festival d’Aix-en-Provence.
André Campra, le compositeur
André Campra est né en 1660, à Aix-en-Provence. Fils de Jean-François Campra, chirurgien et violoniste, et de Louise Fabry, il reçoit ses premières leçons de musique de son père. À l'âge de 14 ans, il poursuit sa formation musicale à la cathédrale Saint-Sauveur sous la direction du maître de chapelle Guillaume Poitevin. Influencé par cette expérience, Campra entreprend des études religieuses et décide de poursuivre une carrière en tant que maître de chapelle. Par la suite, il occupe successivement divers postes de maître de musique ou maître de chapelle dans plusieurs villes.
En 1694, il est recruté par le chapitre pour occuper le poste prestigieux de maître de chapelle de Notre-Dame de Paris. L’année suivante, il compose un requiem en l’honneur de l'archevêque de Paris, une œuvre aujourd’hui considérée comme l’une des plus belles pages de la musique sacrée de Campra.
L’intérêt de Campra ne se limite pas à la musique sacrée et il se passionne également pour le genre de l’opéra. Cependant, la carrière de maître de chapelle est difficilement conciliable avec celle de compositeur d’opéras. Outre la charge de travail, l’Eglise est réticente à employer des compositeurs d’opéras. Ainsi, en 1697, Campra s’éloigne de son poste de maître de chapelle pour se consacrer davantage à l’opéra. Il compose alors L’Europe galante, qui rencontre un grand succès. Aujourd’hui encore, cette œuvre reste bien ancrée dans les mémoires et affirme le genre de l’opéra-ballet. Il s’agit du premier modèle achevé de ce genre. L’Europe galante brise les codes traditionnels en se détachant d'une dramaturgie linéaire. L'œuvre est divisée en quatre actes, non liés par une intrigue continue, mais unis par une thématique commune. L’objectif est clair : divertir !
En 1700, il réclame un congé pour se consacrer pleinement à la musique de théâtre. La même année, il compose Hésione, donné à l’Académie royale de musique, la pièce est une réussite. En 1702, il crée Tancrède qui rencontre également un vif succès. Par la suite, beaucoup de ses œuvres sont boudées car jugées trop sombres. Il renoue avec le succès en 1712, avec Idoménée. Il compose également de nombreux motets dontDe profundis clamavi.
André Campra meurt à Versailles en 1744. Selon son testament, il vivait alors dans la pauvreté et la maladie. Il lègue la majorité de ses biens à son domestique et à sa cuisinière, témoignant de la modestie de sa condition en fin de vie. Cependant, tout au long de sa carrière, Campra occupe des postes prestigieux qui lui confèrent une influence considérable dans le monde musical français. Malgré ses difficultés personnelles, il reste encore aujourd’hui une figure incontournable de la musique baroque et son impact sur la musique, notamment à travers ses contributions à l’opéra et à la musique sacrée, reste indéniable.
Pour aller plus loin
Jean-François Regnard, le librettiste
Jean-François Regnard est né en 1655. Il est le fils d’un riche marchand de poisson, mais il devient orphelin de père très jeune et est élevé par sa mère. Malgré un début de vie difficile, il grandit dans un milieu aisé et fait de bonnes études.
Piqué par la mouche de l’aventure, il entreprend dès son adolescence un voyage pour Constantinople. Il y fait la rencontre de Mme de Prades, avec qui il vit une romance. L’aventure prend ensuite une tournure malheureuse lorsqu’il est capturé par des pirates, qui le conduisent à Alger, où il est fait esclave. Huit mois plus tard, la rançon est livrée et il est libéré. Cette mésaventure ne semble pas l’avoir secoué irrémédiablement et il part pour un nouveau voyage, cette fois-ci au nord de l’Europe entre 1681 et 1682
Après ce voyage, il revient à la tranquillité de la vie sédentaire et s’installe à Paris. Il achète la sinécure de trésorier et mène une vie confortable. Il se tourne alors vers le théâtre. Il crée d’abord des farces comme Le Divorce en 1688, collabore avec Dufresny pour Les Chinois et La Foire Saint-Germain. En 1696, il crée Le Joueur, sa première grande comédie. En parallèle, il s’intéresse aussi à la poésie et aux épîtres.
En douze ans, il produit une dizaine de pièces. Sa dernière œuvre, Le Légataire universel (1708), est la plus remarquable et la plus souvent jouée. Il meurt l’année qui suit dans des circonstances mal éclaircies.
Jean-François Regnard n’était pas de ceux qui donnent de grandes leçons de morales, ni de profondes réflexions intellectuelles. Insouciant et virtuose, il a insufflé toute sa gaieté et son imagination dans ses récits où la joie se déploie face à l'absurdité du monde. Son souvenir traverse les âges et transporte encore le monde dans son univers.
Pour aller plus loin
Jean-François Regnard (1655-1709) - Charles Mazouer, Dominique Quéro | Cairn.info
L'histoire
Prologue
L’action se déroule à Venise pendant le carnaval. En prévision de la célébration d’une fête, des ouvriers s’attèlent à la préparation d’une salle. Cependant, cette dernière est loin d’être prête, les débris trainent sur le sol, les décorations ne sont pas installées… Minerve s'étonne du désordre et décide de s’employer lui-même à la préparation des lieux. Il fait appel aux Divinités des Arts, qui élèvent un magnifique théâtre.
Acte I
À Venise, au cœur de l'atmosphère festive du carnaval, se déroule un tumultueux jeu amoureux entre Léonore et Isabelle, toutes deux éprises de Léandre. Lorsque ce dernier fait le choix d'Isabelle, la douleur de Léonore se transforme en désir de vengeance, déterminée à répondre à cette trahison. Cependant, l'intrigue se complexifie davantage avec l'arrivée de Rodolphe, également épris d'Isabelle, ajoutant ainsi une dimension supplémentaire à ce triangle passionnel.
Acte II
L'acte commence avec Rodolphe, qui observe en secret son rival Léandre. Ce dernier arrive avec une troupe de musiciens pour offrir une sérénade à Isabelle, qui répond depuis son balcon en chantant. En entendant cela, la jalousie de Rodolphe atteint son paroxysme. Isabelle, pensant parler à Léandre, exprime son mépris envers son ancien amant jaloux, qui se révèle être Rodolphe lui-même. Dévoré par la colère et la douleur, Rodolphe se démasque et implore Isabelle de lui pardonner et de le reprendre. Cependant, Isabelle le rejette catégoriquement. Se retrouvant seul et humilié, Rodolphe se retire dans l'obscurité, jurant de se venger. Il décide alors de s'allier à Léonore, et ensemble, ils élaborent un plan pour obtenir vengeance contre ceux qui les ont blessés et humiliés.
Acte III
Léonore se trouve déchirée entre son amour pour Léandre et son désir de vengeance. Cependant, cela n'arrête pas Rodolphe, résolu à se venger, et il vient tout juste de terminer sa sombre mission. Il annonce à Léonore qu'il a mis fin à la vie de Léandre. Bouleversée par les remords et regrettant d'avoir cédé à la jalousie, Léonore repousse Rodolphe avec horreur. Implacable, ce dernier décide alors d'informer Isabelle de la mort de Léandre lui-même.
Désespérée, Isabelle saisit un stylet, prête à se transpercer le cœur, mais Léandre arrive à temps pour l'arrêter. Il explique que le tueur à gages s'est trompé de cible. Un soulagement intense et un amour renouvelé s'emparent d'Isabelle et de Léandre, qui se promettent de nouveau leur amour. Léandre propose alors à Isabelle de s'enfuir ensemble en bateau, profitant de la distraction offerte par une représentation d'Orphée suivie d'un grand bal.
A propos
Le Carnaval de Venisecréé en 1699 à l’Académie royale de musique, est un opéra-ballet composé par André Campra, avec un livret écrit par Jean-François Regnard.
André Campra hérite de la tradition de la comédie-ballet de Molière. En dehors des conventions de la tragédie lyrique, Campra s'engage pleinement dans l'art du divertissement, accordant une place significative à la fantaisie. C'est ainsi qu'il se distingue dans le genre novateur de l'opéra-ballet. Le Carnaval de Venise illustre parfaitement cette fusion réinventée entre théâtre, musique et danse.
Cette œuvre se distingue par son caractère hybride, combinant des éléments de chant italien et français, et mêlant habilement les registres merveilleux, dramatiques et comiques. Au-delà du divertissement, Le Carnaval de Venise offre une mise en abîme avec du théâtre dans le théâtre, créant ainsi une œuvre singulière et moderne qui conserve sa fraîcheur même aujourd’hui.
L'action se déroule à Venise pendant le carnaval. Léonore et Isabelle se disputent l'amour de Léandre, qui préfère la seconde. Rodolphe, épris d’Isabelle, s'allie à Léonore pour se venger. Cette intrigue sert de toile de fond pour plonger le spectateur dans divers décors vénitiens : de la place Saint-Marc aux canaux, en passant par les balcons des palais où se préparent les décors. Au troisième acte, une représentation théâtrale se déroule, mettant en scène l’incontournable Orfeo.
André Campra : Le Carnaval de Venise (Horak-Hallett/Clément-Planche/Luka/Lepeltier-Kovacs/Zhang) - France musique concerts
Documents en +
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