biographie de Philip Glass
Philip Glass, compositeur
Philip Glass est né à Baltimore en 1937. Dans la boutique de disques de son père, il ne savait pas encore, lorsque ce dernier l’invitait à casser les invendus, que l’apprenti-flûtiste qu’il était allait, après avoir fait du piano son instrument de prédilection, devenir le compositeur le plus écouté de son temps. Avant de pouvoir vivre de sa propre musique, il lui faudrait cependant passer, et ce jusqu’à la quarantaine, par les fourches caudines de moult emplois : déménageur, plombier, chauffeur de taxi…
De très sérieuses études musicales en Amérique (Conservatoire de Chicago, Juilliard School de New York) et en France auprès de l’exigeante Nadia Boulanger, conduisirent Philip Glass, déjà compositeur et déjà taraudé par la curiosité de de savoir « d’où vient la musique », à inventer son propre style. Abandonnant les essais dodécaphoniques auxquels il s’était essayé, il décida de donner « un grand coup de pied dans la fourmilière sérielle » en vogue dans le milieu de la musique classique et fonda, en 1968, le Philip Glass Ensemble, longtemps la seule formation à même d’assurer la radicale nouveauté d’une musique d’abord jouée en appartement devant une poignée d’auditeurs.
Philip Glass fit dès lors une suite de rencontres (Ravi Shankar, Allen Ginsberg, David Bowie, Leonard Cohen, Suzanne Vega, Woody Allen, les Sœurs Labèque...) qui le conduisirent à se frotter à tous les genres musicaux : piano solo, quatuors, symphonies, concertos, ballets, musiques de films, musique du monde, chansons, opéras… C’est le chef Dennis Russell Davies qui le poussa à écrire des symphonies. C’est le metteur en scène Bob Wilson qui mit en image son premier opéra : Einstein on the beach, créé en Avignon en 1976. C’est le cinéaste Godfrey Reggio qui l’entraîna dans une trilogie cinématographique hors-normes : Koyaanisqatsi-Powaqqatsi-Naqoyqatsi. C’est sa rencontre avec le Dalaï Lama qui le pousse à s’engager pour la cause tibétaine : concerts de soutien mais aussi co-fondation de la Tibet House en 1987. Chacun de ses opus (à ce jour 236) parle pour lui: Philip Glass est un humaniste attaché aux valeurs sociales, à la spiritualité et à l’harmonie intérieure.
En 2022, les œuvres de Philip Glass sont jouées dans le monde entier. En 50 ans son langage, toujours immédiatement reconnaissable, a prodigieusement évolué, questionnant au passage le sujet tabou de la mélodie. Les Enfants terribles, choisi pour sa saison 2022/2023 par La co[opéra]tive, est un des plus parfaits exemples de cette patiente métamorphose : sous le lyrisme affirmé des Enfants terribles, on perçoit toujours les solides fondations d’Einstein on the beach. Aujourd’hui encore Philip Glass se dit hanté par le souci de ne pas avoir le temps de composer toute la musique qu’il a en tête. A suivre, donc...
© Jean-Luc Clairet