biographie
Compagnie 26000 couverts
Un pied dehors, un pied dedans, un jour en rue, un jour en salle, les 26000 tracent depuis une vingtaine d’années un itinéraire artistique singulier entre pulsions satiriques débridées, burlesque dévastateur et poésie brute. Faisant la part belle au jeu d’acteur, ils envisagent le théâtre comme une utopie et refusent de considérer qu’il va de soi. Une démarche qui les amène à installer le théâtre là où on ne l'attend pas, toucher le spectateur qui s'ignore, jouer avec le réel, chambouler la convention théâtrale et décaler le quotidien… Ils font des farces pour mieux s’emparer du sacré et bousculent joyeusement la routine, réveillant les esprits anesthésiés. C’est cet esprit burlesque, décalé et poétique, et ce plaisir de la rencontre avec le public, qu’on retrouve dans leurs créations.
C’est réunis par la même attirance pour une création hors des cadres que Philippe Nicolle et Pascal Rome, au milieu des années 90, inventent avec quelques complices le collectif 26000 couverts.
Ils se font d’abord remarquer en 1995, à Chalon et Aurillac, avec Les Petites Commissions, spectacle matinal et interactif qui investit foires et marchés. L’année suivante,Sens de la Visite, spectacle itinérant et iconoclaste, voit le jour. En deux spectacles seulement, la compagnie devient une compagnie phare du théâtre de rue. S’ensuivront La Poddémie, un sommet du canular et Direct !, adapté par Arte. En 1999, la compagnie entre en conventionnement avec la DRAC Bourgogne. Mais l’année 2000 marque le début d’une nouvelle ère, il faut se séparer… Pascal Rome se consacre à Opus, sa propre compagnie, tandis que Philippe Nicolle assure désormais seul la direction artistique de 26000 couverts et emmène Les Tournées Fournel sur les routes de France rebrûler les cendres du théâtre démontable.
En 2002, les 26000 rachètent et retapent un ancien dancing forain pour y créer le Grand Bal des 26000 (un vrai bal avec 26 comédiens !). 2003 voit la création du 1er Championnat de France de N'importe Quoi, une compétition totalement absurde dans un (véritable) gymnase avec public et gradins...C’est aussi en 2003, en guise de riposte aux attaques contre le régime des intermittents, que Philippe Nicolle et Fred Toush lancent la 1ère manif dedroite.
En 2004, la ville de Dijon pérennise son soutien à la compagnie en lui mettant à disposition un véritable lieu d'implantation, une ancienne caserne militaire qui devientla Caserne des 26000. C’est l’opportunité pour la compagnie d’accentuer sa présence à Dijon, elle y organisera dorénavant plusieurs évènements ouverts au public : Jours le plus bon, Perturbations, une carte blanche (4 jours de festival)…En 2006, 26000 rentre enfin en salle (enfin pas tout à fait…), pour monter Beaucoup de bruit pour rien de Shakespeare… C’est un gros succès (287 représentations), la compagnie avait déjà un petit pied dans le réseau du théâtre en salle, ce spectacle lui en ouvre les portes en grand. Créé dans les gros festivals de théâtre de rue de l’été, le spectacle tournera 10 ans dans les saisons théâtrales dont de nombreuses scènes nationales. 26000 s’installe définitivement dans son grand écart entre salle et rue.
En 2007, la Région conventionne à son tour la compagnie. En 2010, la compagnie crée l’Idéal Club, un music-hall à rire aux larmes dans une ambiance très rock. Nouveau gros succès public, presse et professionnel, avec près de 300 représentation à ce jour, le spectacle assied la reconnaissance de 26000 dans le réseau des scènes conventionnés et scènes nationales. En parallèle de ces « gros » spectacles qui embarquent entre 15 à 20 personnes, trois formes plus légères voient le jour, parfois portées par des comédiens de la compagnie, mais toujours dirigés par Philippe Nicolle :Jacques et Mylèneen 2009, mis en scène par Benoît Lambert,Attifa de Yambolé créé par Valérie Véril pour la rue et la salle, etWRZZ,un spectacle de rue imaginé par Christophe Arnulf.
Mais comme la troupe reste l’essence même de la compagnie, en 2016, 26000 repart avec 12 comédiens sur l’idée saugrenue d’un spectacle de rue en salle… qui bat le record du monde du titre interminable : A bien y réfléchir, et puisque vous soulevez la question, il faudra quand même trouver un titre un peu plus percutant ou la sortie de résidence. Une quinzaine de coproducteurs, les CNAR ou festivals de rue s’associant aux Théâtres et aux Scènes Nationales pour 150 représentations.
La compagnie n’ayant jamais abandonné la rue, en 2018 elle retourne prendre l’air avec Véronique 1ère Reine d’Angleterre, un mélodrame de Gabor Rassov plein de larmes, de sang, de magie et de merveilles. Du théâtre forain de plein air, avec caravanes et machine à barbapapa, qui de festivals de rue en saisons de théâtres, en passant par Avignon au festival Villeneuve en Scène, conquiert à nouveau le public. nouveaux publics, c’est la porte des appartements que poussent les Nicolle’s (Florence et Philippe), pour une toute petite forme, Jérôme et Marie acceptent la carte bleue, quatrième collaboration de la compagnie avec Gabor Rassov (texte et mise en scène).
Mais parce qu’on veut croire qu’on peut encore chanter et danser, et surtout en rire, parce qu’on veut croire qu’on peut encore faire des spectacles à 15, la prochaine création des 26000, prévue pour l’automne 2022, sera la première Space Opérette de l’Histoire du spectacle vivant (en Bourgogne), avec en vedette une larve géante accro au gruyère et amoureuse du Golf de Chamonix. Elle s’intitulera d’ailleurs sobrement Chamonix et posera cette question essentielle : faut-il oui ou non éradiquer l’espère humaine ?
Enfin en 2024, à l’occasion de l’organisation des Jeux Olympiques à Paris, La Coopérative de Rue et de Cirque a demandé à 26000 de réveiller ses vieux champions en les associant à de jeunes circassiens, et d’organiser le Premier Championnat du Monde de N’importe Quoi. Plus vite, plus haut, plus fort ? Non. Plus dingue, oui !